Artémis - 5 ans.
Artémis sait que c'est de sa faute.
Sa maman le lui avait fait comprendre et il ne pourra jamais oublier. Oh bien sur, les bleus disparaitraient, ils disparaisaient toujours, mais les mots, eux, resteraient à jamais. Jamais il ne les oublierait. Et il savait qu'il les méritait.
Artémis a cinq ans et tout les adultes trouve qu'il est très intelligent pour son age.. Il sait déjà faire des additions et des soustractions avec plusieurs chiffres et lire même si il y a encore beaucoup de mots qu'il ne comprends pas encore. Pourtant, Artémis a laisser partir son papa. Alors c'est normal que sa maman soit en colère et lui en veuille. Mais pourquoi n'aurait-il pas cru son papa ? Il lui avait dit qu'il sortait juste acheter des cigarettes... qu'il n'en avait pas pour longtemps. Alors... c'est vrai qu'il avait prit plus de sous que d'habitude dans la cachette dans la commode mais.... Et puis il lui avait sourit en lui frottant les cheveux. Et en fait, ça aussi c'était bizarre. Papa ne l'embrassait jamais et ne lui frottait jamais les cheveux.
Et puis il était parti. Artémis l'avait regardé par la fenêtre de l'appartement. Des années plus tard, ce serait la seule image qu'il en garderait.
Lorsque Maman revient le lendemain après son week-end chez la grand-maman avec Remy, Artémis attend dans le noir, assis devant le téléviseur éteint. Inconsciemment,au fur et à mesure que les heures passaient sans voir son père revenir, il a compris que quelque chose clochait et que sa maman ne serait pas contente.
Il ne s'était pas trompé.
La colère de Maman dura longtemps.Artémis l'entendit plusieurs fois au téléphone dire qu'il ne reviendrait pas tout de suite à l'école. Qu'il était malade. Mais Artémis sait que c'est à cause des bleus.Sa Maman lui a toujours dit que la maîtresse ne doit pas les voir.
Et puis un mois plus tard, un soir, des hommes viennent. Artémis les entends discuter avec Maman parce qu'il ne dormait pas encore. Alors il se rapprocha, entrebaillant légèrement la porte pour mieux entendre.
Ils parlaient de prêt, d'argent, de Papa qui est parti. Maman pleurant en expliquant qu'elle ne sait pas, qu'elle n'était pas au courant. Et puis quelqu'un avait dit son nom. Sa Maman s'était calmé en acquieçant. Et Artémis avait eu peur. Il avait doucement reculer jusqu'à son lit pour se rouler en boule sous sa couette, les yeux obstinément fermés pour mieux nier le bruit de la porte qui s'ouvrait, celui des pas étouffés par la moquette. Mais nier les choses ne les empéchaient pas d'arriver et Artémis se retrouva soudain en pleine lumière, sa mère l'empoignant rudement pour le tirer à sa suite sans un mot. Tête basse, il fit face en tremblant aux hommes qui l'examinaient. Comme dans un brouillard, il entendit sa Maman et les hommes échanger encore quelques mots puis les doigts de l'un des inconnus se refermèrent sur son poignet pour le tirer vers la sortie. Il se décida à se débattre, hurlant pour qu'on le laisse parti sans autre résultat que de réveiller Remy. Il entendit son petit frère se mettre à pleurer alors que lui-même voyait des étoiles suite à un coup de l'un des hommes.
Alors qu'il franchissait la porte, à moitié évanoui dans les bras d'un inconnu, il se tourna vers sa mère, son sang se glaça devant son regard plein de haine alors que l'appartement raisonnait des pleurs de son petit frère.
Artémis - 9 ans
Artémis ne parle presque plus. Cela fait bientot quatre ans que sa maman l'a donné et depuis... Depuis sa vie ne change pas.Il n'a pas appelé sa maman une seule fois. A quoi ça aurait servit, c'est à cause d'elle qu'il est là. D'elle et de son Papa qui est parti.
Maintenant, Artémis ne pleure plus, ne crie plus et n'essaie pas de fuir. Pleurer ? il n'a ni Papa ni Maman pour venir le chercher. Crier ? Le seul résultat c'est de se faire frapper. Fuir ? Pour aller où ? Il ne sait pas où est son Papa et sa Maman ne veut pas de lui. Alors peu à peu, l'enfant enfouit son intelligence car il ne veut pas... non il ne veux pas savoir. Il ne veux plus voir ce qui l'entoure. Il ne veux plus sentir les attentions de ses "bienfaiteurs". Des années après, ce terme le ferait rire. Un rire un peu jaune et très ironique.
Il ne sait pas combien de temps cela va durer et il ne veut surtout pas le savoir. Il s'enferme.
Sauf qu'il y a ce garçon. Il a deux ans de plus qu'Artémis et il est différent. Sa vie n'est pas si éloignée de celles des autres enfants et pourtant il sourit. Il vit. Et ça, du fond de sa coquille vide, Artémis finit par le remarquer. Peu à peu, il apprend que le garçon s'apelle Keith. Mais aussi que Keith est tétu et q'il s'interesse à lui. En effet, son aîné semble soudain se décidé à lui arracher tout ce qu'il peut de réaction, de mot.
Ah ! Et aussi que ses méthodes ne sont pas parmi les plus douces et qu'il a la taloche facile.
Artémis - 13 ans
Artémis regarde la voiture s'éloigner par la fenêtre mais ne pleure pas. Pour être tout à fait franc, il a bien les yeux qui piquent mais il avait sept ans lorsqu'il a décidé qu'il avait assez pleuré pour le reste de sa vie et le pense encore.
Au cours des quatre dernières années, le brun a repris confiance en lui. Il fait face à ce qu'il endure. Tout ça, il sait que c'est grâce à Keith.
Keith n'était pas le plus doux ni le plus patient des amis. D'ailleurs Artémis ne sait même pas si il peut le qualifier d'ami. Etait. Parce que dans la voiture qui s'éloigne, il y a Keith. Et maintenant, il sait pourquoi son aîné était si enjoué. Il avait la foi. Non pas en un Dieu quelconque, mais en quelqu'un. Keith l'a raconté à Artémis hier soir. Il vient d'une famille riche, très riche même. Il a été enlevé et une demande de rançon a été adressé à son père. Son père a refusé de la payer alors ses kidnappeurs l'ont mit "au travail". Mais Keith a une soeur, c'est en elle qu'il a gardé confiance. Une soeur qui, il y a quelques jours, est devenu majeure et pouvait donc disposer à sa guise des fonds de son compte bancaire. Comme par exemple, pour faire liberer son frère adoré. Ce qu'elle a fait, et Keith s'en va, le sourire aux lèvres.
Lèvres qu'il a posé sur celles d'Artémis. Et le petit brun en sent encore la chaleur même si il ne comprend pas le baiser.
Artémis - 15 ans
Artémis hésite. Il hésite même franchement. Il n'arrive pas à décider si son acte était du pure génie ou de la plus pure... connerie. Un peu des deux peut-être ! Mais franchement, c'était trop tentant ! Depuis le temps qu'il cotoie des voleurs et des assassins, les entendant parfois se vanter, ou expliquer leurs méthodes et qu'est-ce qu'il voit ? Le plus prétentieux et emmerdeur d'entre eux avoir son propre porte-feuille à portée de main... ça a été plus fort que lui. Evidemment, le type a faillit le buter mais ça en valait le coup vu la tête qu'il a tiré. Là où il se demande si c'était une bonne ou une mauvaise idée, c'est qu'on est en train de discuter de son cas et ça, il s'en passerait volontier !
Il pousse un soupir et enfoui la tête dans son oreiller. Lui et sa grande gueule... Tout ça c'est la faute de Keith ! Sans Keith il aurait continué à la jouer discret. A la pensée de l'autre enfant, il se tourne sur le dos et pose ses doigts sur ses lèvres avec un sourire en coin.
Keith.
Sa porte s'ouvre, laisse entrer son "supérieur hierarchique" ainsi que quelques pickpockets. Il hausse un sourcil et attends. De toute façon, il sait qu'ils ne peuvent pas trop l'amocher, ça baisserait sa cote auprès des clients ! Ni le tuer. Enfin si, il pourrait le tuer. Mais parfois il se dit que ce serait pas si dérangeant que ça. Mais si il le tuait, ils perdraient une rentrée d'argent. Aucun bénéfice pour eux.
Artémis - 17 ans
Artémis évalue la situation et explique ce qu'il en pense. A savoir que c'est une putain de foutue blague ! Lui ? Tuer quelqu'un ? Il l'a jamais fait ! D'ailleurs l'aurait-il fait que ça lui serait retombé sur le nez ! De prostitué, il est passé à voleur. L'évolution était tout à son profit. Maintenant, ils veulent qu'il vire assassin ? Fait chier !
Et puis il réfléchit. Il connait la cible, c'est d'ailleurs pour ça qu'ils veulent que ce soit lui qui s'en charge. Si il vient en se faisant passer pour un "cadeau", ce gros porc n'aura aucun doute et tout excité, chercherait juste à prendre son pied. Les pupilles noires deviennent glacées alors qu'il se souvient de ce qu'il a subit entre les mains de la cible. Il écrase la cigarette qu'il a aux lèvres dans un cendrier et se releve.
Il va leur donner la réponse qu'ils veulent ! Il va apprendre à utiliser les armes à feu. Et quand ce sera fait... ce fumier paierait pour tout les autres ! Et si il fallait, il recommencerait.
Artémis - 20 ans
Artémis est dans un bar. Seul. Ses yeux sombres surveillant le moindre recoin. Un coup d'oeil à sa montre lui apprends qu'il est l'heure. Il se lève, paie sa consommation en se retenant de rapeller au barman qu'il est interdit de servir de l'alcool aux mineurs, pénètre dans un bureau, tire une et une seule balle à bout portant, son arme est muni d'un silencieux et le brouhaha de la salle couvre le peu de bruit qu'il fait. Le jeune homme s'empare de ce qu'il trouve dans un coffre, le fourrant dans un sac à dos vide qu'il avait emporté et ressort toujours aussi calmement.
Dehors, il refile discrètement le sac à un autre jeune en vélo qui file après un dernier signe de la main. Marco. Un collègue.
Maintenant, il ne lui reste plus qu'à rentrer au bercail.
Rentrer au bercail...
Il ferme les yeux. un vent frais lui caresse le visage. Il lève la tête, ouvre les yeux. Au dessus de lui, des étoiles pales, autour, des rues, des passants.
Son coeur loupe un battement, pendant un moment, il a l'expression perdue d'un enfant, le temps d'une pensée folle. Et puis l'expression disparait, laissant place à un sourire carnassier.
Le brun chausse une paire de lunettes de soleil et tant pis si il fait nuit !Rrentre ses mains dans ses poches, l'allure décontractée et se mets en marche. Et ce n'est pas en direction du bercail !
Une chose est sure... il ne risque pas de s'ennuyer dans les jours qui viennent.
Mer 5 Sep - 19:17
